Mi-septembre l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recensait 35 « candidats vaccins » dans des essais cliniques sur l’homme à travers le monde, dont 9 en phase finale de test. La course au vaccin bat son plein et les laboratoires se livrent à une véritable course contre la montre pour être le premier à trouver le vaccin contre la pandémie mondiale. La rédaction de Strike Magazine a donc choisi ce mois-ci de mettre en avant quelques « valeurs COVID ».

AstraZeneca

Groupe pharmaceutique britannique, né de la fusion entre le suédois Astra et l’anglais Zeneca en 1999. AstraZeneca est leader dans sept domaines thérapeutiques majeurs : la diabétologie, l’anesthésiologie, la cardiologie, l’infectiologie, la gastro-entérologie, l’oncologie, la neurologie et la pneumologie. Le groupe s’est lancé dans la recherche du vaccin contre le COVID avec l’université britannique d’Oxford et fait partie des projets occidentaux les plus avancés.

Premier scandale médiatique autour des essais sur le vaccin tant attendu, AstraZeneca a été contraint de suspendre ses essais cliniques début septembre face à une pathologie inexpliquée dans son groupe test. La phase 3 de l’essai a néanmoins repris au Royaume-Uni quelques jours après à la suite du feu vert de l’Autorité de réglementation sanitaire des médicaments (MHRA).
Il est actuellement testé sur des dizaines de milliers de volontaires au Royaume-Uni, au Brésil, en Afrique du Sud et aux États-Unis. Pour Pascal Soriot, le patron du groupe, il est toujours possible de tabler sur une commercialisation du vaccin fin 2020 – début 2021.

BioNtech

BioNtech est une compagnie de biotechnologies allemande, cotée aux États-Unis, créée en 2008 et spécialisée dans les traitements d’immunothérapies dans le cas de maladies graves comme le cancer. Elle propose également des produits de diagnostic dans d’autres domaines (maladies infectieuses, allergies, troubles immunitaires…). Les approches scientifiques et technologiques qu’elle utilise sont très variées (micro molécules, anticorps ciblés, immunomodulateurs…) et en font un acteur incontournable des biotechnologies aujourd’hui.

L’entreprise travaille aujourd’hui au développement du vaccin BNT 162 (basé sur la technologie « ARNm » acide ribonucléique-messager) avec Pfizer et Ossun contre le COVID. En cas de succès des essais, Pfizer et BioNtech se sont engagés à livrer 30 millions de doses au Royaume-Uni, 100 millions aux États-Unis et 120 millions au Japon. Mi-septembre le groupe a été choisi avec CureVac pour bénéficier d’une aide conditionnelle de 627 millions d’euros de l’Allemagne. Pour le ministre de la santé allemande, la sécurité des essais est la priorité absolue et dans ces conditions un vaccin pourrait voir le jour en milieu d’année prochaine.

Eurofins Scientific

Groupement de laboratoires d’analyses français crée en 1987, le groupe est spécialisé dans la pharmacie, la biologie médicale mais aussi l’environnement et l’agro-alimentaire. La société est également leader mondial des essais et services laboratoires en génomique, découverte pharmacologique, criminalistique, sciences des matériaux de pointe, ainsi que des essais de diagnostics cliniques spécialisés et moléculaires.

Eurofins Scientific ne participe pas à la course au vaccin contre le COVID mais travaille à l’identification d’anticorps capables de neutraliser le virus avec des tests sérologiques. Concrètement l’objectif est d’aller détecter les anticorps contre la protéine Nucleocapsid de ce nouveau coronavirus. Ces tests permettent d’identifier les personnes déjà exposées au virus et celles chez qui cela a entraîné une infection active. Néanmoins le groupe a souffert du test ultra-rapide de l’américain Abbott bientôt commercialisé.

Moderna Therapeutics

Société de biotechnologies américaine, leur technologie se base sur l’ARN messager (ARNm) c’est-à-dire un composé d’analogues nucléotidiques. Ce composé a pour tâche de transférer des instructions dirigeant les cellules du corps pour qu’elles synthétisent des protéines, y compris des protéines susceptibles de prévenir ou de combattre une maladie. L’objectif ici est donc de produire des protéines thérapeutiques in vivo pour traiter des maladies. Sérieux candidat pour trouver un vaccin contre le coronavirus, le groupe s’est associé en janvier avec le National Institute of Allergy and Disease et fait partie des 5 industriels choisis par le gouvernement aux États-Unis pour le développement d’un vaccin.

Déjà en phase finale de test, le vaccin de Moderna Therapeutics produit des niveaux d’anticorps plus élevés que ceux généralement observés chez les personnes se remettant du virus. Le groupe espère obtenir l’autorisation de mise sur le marché de la FDA (agence sanitaire américaine) dès le mois de novembre et a d’ores et déjà augmenté ses capacités de production (500 millions de doses en 2020, jusqu’à 1 milliard en 2021) afin de pouvoir assurer la distribution mondiale de son traitement. L’Europe a déjà commandé 80 millions de doses du futur vaccin au laboratoire. L’action du groupe s’est envolée de plus de 200 % cette année devant ces avancées prometteuses.

Sanofi

Mastodonte français de la santé, Sanofi occupe le troisième rang mondial en chiffre d’affaires des groupes pharmaceutiques et se retrouve fréquemment troisième plus grosse capitalisation du CAC40 derrière Total et LVMH. Pionnier en recherche et développement, le groupe réalise plus de 70 % de son chiffre d’affaires en dehors d’Europe. Ses activités se regroupent principalement autour des traitements pharmaceutiques (diabète, maladies rares, sclérose en plaques, oncologie…) et des vaccins.

Actuellement en phase 2 des essais pour son vaccin contre le COVID, Sanofi table sur une commercialisation à la mi 2021. Pour Sanofi, la sécurité et le respect des protocoles sont primordiaux pour mettre sur le marché un tel vaccin et l’urgence de la situation sanitaire ne doit pas pousser à aller trop vite. Pour autant Sanofi a annoncé qu’il n’attendra pas la fin de la phase 3 pour lancer la production afin de pouvoir répondre très rapidement à la demande lorsque cette dernière sera validée. Le groupe prend donc un pari industriel très fort quant à l’issue de ce protocole.
Le président du groupe a précisé que les doses destinées à l’Europe seront produites en France et que le vaccin ne dépassera pas les 10 euros.

Regeneron Pharmaceuticals

Crée en 1988, Regeneron Pharmaceuticals est une entreprise de biotechnologies américaine. Elle est spécialisée dans la recherche, le développement, la fabrication et la commercialisation de médicaments pour le traitement des maladies ophtalmologiques, inflammatoires et des cancers.

En août 2020, l’entreprise conclut un accord avec le laboratoire suisse Roche afin de trouver, fabriquer et commercialiser un traitement contre le COVID. Il s’agirait d’une combinaison de deux anticorps antiviraux expérimentaux de Regeneron ayant une double utilité. D’une part il constituerait une solution thérapeutique pour les personnes déjà atteintes du COVID et d’autre part il permettrait de prévenir l’infection chez les sujets exposés au virus, ralentissant ainsi la propagation de la pandémie mondiale. Concernant les vertus traitantes de ce traitement, les essais sont en phases 2 et 3 tandis que la partie préventive en est à la phase 3 des tests. Si les essais sont concluants, Regeneron sera responsable de la distribution aux États-Unis et Roche à l’international.

Léa Jézéquel
Société Générale Produits de Bourse, 17 septembre 2020