Au niveau macroéconomique, la Fed devrait poursuivre son assouplissement monétaire même si la situation est plus incertaine pour l’année prochaine. Dans ce contexte, le taux de rendement des obligations d’État à 10 ans reste assez tendu, solidement ancré au-dessus des 4 %.
Le programme de Donald Trump est toutefois jugé inflationniste. L’outil Fedwatch du CME Group nous montre que les investisseurs ne sont que 15 % à anticiper une baisse de taux pour la réunion du 29 janvier et 60 % pour celle du 19 mars prochain. Les Fed Funds pourraient donc se maintenir dans la fourchette 4,25-4,50 % après la baisse de taux prévue en décembre.
Ailleurs dans le monde, la dynamique est moins favorable. En Europe, les indices s’en sortent plutôt bien, en grande partie grâce à la progression du DAX allemand et ce, malgré une activité dans le secteur manufacturier toujours en nette contraction (indice PMI à 42,5 contre 43 le mois dernier). Le CAC 40 est, quant à lui, bien plus en difficulté, en raison des troubles politiques : le gouvernement de Michel Barnier est récemment tombé et l’avenir est incertain. En Asie, c’est la Chine qui fait toujours une grande partie de l’actualité. Les investisseurs attendent depuis plusieurs mois des annonces concrètes de Pékin pour soutenir son économie assez fébrile. Les ventes au détail progressent de seulement 3 %, la production industrielle de 5,4 %. La dernière conférence sur le travail économique n’a néanmoins apporté que de nouvelles déceptions. Aucuns chiffres ou mesures concrètes n’ont été annoncés.
Ce contexte reste donc très nettement favorable à Wall Street, dont les indices côtoient des niveaux de valorisation bien supérieurs à la moyenne sur 5 ans. Le Nasdaq 100 s’échange à 48 fois ses bénéfices de 2023 et 37 fois ceux des 12 derniers mois. Historiquement, l’indice s’échange entre 21 et 42 fois les bénéfices. Le Nasdaq 100 a d’ailleurs intégré trois nouvelles valeurs qui se paient cher : MicroStrategy, Palantir et Axon Entreprise. Moderna, Super Micro Computer et Illumina sont sorties de l’indice.
Tout cela pousse les investisseurs à rester prudents, entre une Europe en manque de catalyseurs et des États-Unis qui se rapprochent d’un point de bascule et qui nécessiteront d’autres éléments positifs pour aller plus haut.
Depuis le début de l’année, le CAC 40 abandonne 5,4 % pendant que le DAX s’adjuge 21 %, bien aidé par Siemens Energy (+314 %), Rheinmetall (+117 %), SAP (+72 %), MTU Aero Engines (+66 %), Zalando (+61 %), Heidelberg Materials (+52 %) et les banques Commerzbank (+42 %) et Deutsche Bank (+38 %).
Contre toute attente, l’indice parisien a néanmoins fait preuve d’une forte résilience malgré la crise politique française, rebondissant fortement après la chute du gouvernement.
Sur un mois, ses composantes enregistrent des performances très disparates. Airbus gagne 14,4 %, Hermès 11,5 %, Dassault Systèmes 8,8 %, LVMH 8,7 %, Publicis 8,5 % et Renault 7,6 % tandis que Téléperformance recule de 9,9 %. Total cède 9,1 %, Thalès 8,4 % et Carrefour 6,9 %.
D’un point de vue graphique, le CAC 40 confirme sa nette sous-performance face à Wall Street et se maintient à quelques pourcents de ses plus bas annuels datant de début août.
En données journalières, les oscillations se poursuivent au sein du range 7 130/7 480 points. Il faudra attendre la sortie de cette zone d’indécision pour renouer avec une dynamique affirmée. Sous les 7 130 points, on pourrait en effet assister à une nouvelle accélération baissière en direction des 7 000 points puis 6 800 points, scénario compatible avec d’éventuelles prises de bénéfices outre-Atlantique.
Laurent Polsinelli
Responsable indices et produits dérivés
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