LE BRENT
Des nuages à l’horizon
Quel rebondissement. Deux mois après avoir franchi la ligne du zéro absolu, le brut américain se négocie à 37 USD, en hausse de 90 % depuis le premier mai. Cette trajectoire est similaire pour la référence européenne, qui se négocie au-dessus de 40 USD le baril.
Plusieurs facteurs concourent à ce rebond spectaculaire des prix pétroliers. En plus des efforts réalisés par l’OPEP+ pour assécher l’offre mondiale (l’accord de réduction ayant par ailleurs été prolongé d’un mois), le consensus du marché, initialement très pessimiste sur l’état de la demande, s’est progressivement redressé. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’attend désormais à une augmentation record de la demande l’année prochaine, qui contribuera à rééquilibrer le marché. De la même manière, l’Agence d’information sur l’énergie (EIA) a relevé ses prévisions de prix concernant les prix du brut cette année. Cette révision résulte de la dégradation de la production US, qui devrait s’établir autour de 11,56 millions de barils par jour (mbj) en 2020, contre une cadence de 13 mbj en début d’année. Néanmoins, il conviendra de se montrer particulièrement attentif à l’évolution de ces « moteurs haussiers », plus particulièrement du côté de l’offre. Le cartel élargi devrait lever le pied dans sa politique de quotas tandis que les acteurs américains pourraient rapidement remettre en service des puits déjà forés mais non fracturés. Des prix plus élevés permettent de rentabiliser de nombreux sites, compliquant les efforts de l’OPEP pour réguler l’offre. En données hebdomadaires, les cours du Brent ont enregistré un rebond significatif permettant de pratiquement combler le gap ouvert le 9 mars. La tendance est à la normalisation avec un retour des prix vers ses moyennes mobiles. À plus court terme, les prix demeurent enfermés depuis trois semaines entre 38 et 44 USD. On pourra ainsi agir dans un sens comme dans l’autre à la sortie de cette zone de congestion.
Jordan Dufee
© 2020 zonebourse.com, 18 juin 2020