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Dichotomie euro-américaine

Alors que le vieux continent est encore en train de digérer les changements politiques aux élections européennes et la dissolution de l’Assemblée nationale en France, les États-Unis semblent n’accorder leur attention qu’à l’intelligence artificielle, catalyseur fantastique et continu des marchés américains depuis le début de l’année.

En effet, rien ne semble entraver la marche de l’IA qui a amené le S&P 500 sur son 31e plus haut de l’année*. L’indicateur d’inflation du CPI américain ressorti à +3,4 % en rythme annuel contre +3,5 % attendu a également été un soutien bienvenu pour les investisseurs américains et le scénario de baisse des taux. La réunion de la Fed accompagnée du graphique en point (dot plot) donnant les anticipations des membres de la réserve fédérale est venu confirmer ce que le marché attendait : les banquiers centraux anticipent majoritairement une baisse de taux en 2024, voire deux.

Néanmoins, tout n’est pas si simple côté américain. En regardant avec attention la performance du S&P 500, on se rend compte qu’elle est surtout le fruit des grands acteurs de l’indice qui sont les anciens 7 magnifiques amputés de Tesla : Nvidia, Microsoft, Apple, Meta Platforms, Alphabet et Amazon. La performance négative de -1,8 % du S&P 500 équipondéré sur un mois est assez parlante et contraste avec la hausse de 3,4 % de l’indice classique sur la même période*.

La France sera au centre des projecteurs européens en juillet avec ses élections législatives. Les incertitudes liées à cet événement ont conduit à l’intégration d’une prime de risque additionnelle aux actions françaises par les investisseurs, qui ont réduit leurs positions, entraînant un dévissement du CAC de 6,3 % la semaine suivant l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale.

Ce sont principalement les secteurs de la banque, des concessions, de l’énergie et des médias qui ont été touchés du fait de leur sensibilité à la déstabilisation politique et aux différents programmes des vainqueurs potentiels. Le spread OAT-Bund allemand s’est élargi et l’agence Moody’s a souligné un « risque de crédit » pouvant amener à une détérioration de la soutenabilité de la dette française. L’avenir nous le dira.

Antoine Garnier
Société Générale Produits de Bourse, 21 juin 2024

*À l’heure où nous écrivons ce magazine au 19 juin 2024, source : Market Map

STRIKE 258

CHIFFRES CLÉS

80 pts de base

C’est la différence de rendement, ou « spread », observée le 14 juin dernier entre le Bund allemand à 10 ans, référence de la zone euro, et l’OAT française équivalente. Cet indicateur a explosé en réaction aux incertitudes liées aux élections législatives françaises anticipées.
Source : Market Map

3 340 Mds$

C’est la capitalisation boursière atteinte par Nvidia, devenue l’entreprise la mieux valorisée en Bourse au monde en dépassant Microsoft et Apple.
Source : Market Map

-6,23 %

C’est la chute significative du CAC 40 sur une semaine après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale et la perspective d’un changement de politique majeur en France.
Source : Market Map