Les récentes mesures adoptées par D. Trump ont effrayé les investisseurs, provoquant un délaissement des actifs américains au profit de valeurs européennes ou encore, pour les plus frileux, au profit de valeurs refuges. Depuis que le président américain a agité le spectre d’importants droits de douane, Wall Street et les bourses mondiales tremblent.

À la recherche d’actifs refuges, les investisseurs ont aidé la relique barbare à battre une nouvelle fois son record en dépassant les 3 245 dollars l’once. L’Euro et le Yen aussi rassurent, l’EUR/USD ayant passé la barre de 1,14 USD et l’USD/JPY gravitant autour des 140 JPY, retournant ainsi à un niveau atteint pour la dernière fois il y a six mois.

Néanmoins, le grand gagnant de cette dérive du dollar semble être le Franc Suisse : la paire de devises CHU/USD nous fait remonter le temps et nous ramène dix ans en arrière avec un niveau de 1,20 dollar pour 1 Franc Suisse. Le Franc Suisse s’est aussi apprécié par rapport à l’Euro, et la Banque Nationale Suisse veille au grain.

De facto, le DXY (Dollar Index), un indice boursier mesurant la valeur du dollar américain par rapport à un panier de six devises mondiales, a fondu et est même passé sous la barre des 100 pour la première fois depuis juillet 2023.

Somme toute, la première victime de la guerre commerciale semble donc être le billet vert.

Le président américain a un objectif clair, et les marchés acquiescent : il considère que le dollar a été maintenu jusqu’ici à un niveau trop élevé et souhaite sa dépréciation. Cette idée est en accord avec son objectif à moyen terme de redonner ses lettres de noblesse à l’industrie américaine, tout en disqualifiant la concurrence étrangère par des droits de douane, ou encore par une monnaie faible.

En effet, une monnaie faible favorise les exportations et pénalise les importations, et un dollar fragile semble donc bien aligné avec les principes du président républicain D. Trump qui voit cette « mort » du roi dollar comme une aubaine pour accomplir le rêve d’une reine croissance américaine.

Chloé Bonnaffoux
Société Générale Produits de Bourse, 16 avril 2025

Source : Bloomberg, Market Map