L’ANALYSE
Équation à plusieurs inconnues
Rédiger un article pour un magazine mensuel force à une certaine prudence pour éviter d’être hors sujet au moment de la publication. Surtout quand des échéances importantes se rapprochent. Quand vous lirez ces lignes, les vacanciers aoûtiens auront réintégré leurs pénates et la spéculation aura repris de plus belle sur le rythme imprimé par la Fed pour fermer le robinet à liquidités.
Les économistes estiment que la Banque centrale américaine communiquera des éléments plus précis entre le symposium de Jackson Hole, prévu du 26 au 28 août, et la réunion des 20 et 21 septembre du comité de politique monétaire de l’institution. La cadence du « tapering », le mot utilisé par les anglo-saxons pour désigner la réduction du programme de soutien, est l’un des déterminants majeurs de la fin d’année pour les marchés actions. La Fed doit mener un savant numéro d’équilibriste en normalisant sa politique pour profiter de la vigueur économique actuelle, sans casser la dynamique et en abreuvant les investisseurs de propos rassurants sur les taux directeurs. Le tout en gérant une inflation qui fait craindre un effet de second tour, c’est-à-dire une spirale haussière prix-salaires. Tout un programme !
La Banque centrale américaine est, comme souvent, au centre du jeu mais ce n’est pas la seule variable de la rentrée. Il y a bien-sûr la pandémie et son décompte officiel qui approche les 4,4 millions de décès dans le monde. La vaccination apporte des garanties mais le virus reste menaçant. Nous étions nombreux à espérer, au moins secrètement, un retour « à la normale » pour l’automne 2021. Ce ne sera manifestement pas le cas.
Pour en finir avec notre équation, il faut aussi intégrer les crises d’autoritarisme de Pékin. Dernières victimes en date, les fleurons technologiques chinois, du moins ceux qui pensaient pouvoir prendre leur distance avec le pouvoir central. Le Parti les a rapidement mis au pli. Un tour de vis qui a brutalement fait remonter la prime de risque sur les actions chinoises dans leur ensemble. Une bonne piqûre de rappel pour les investisseurs occidentaux : le capitalisme à la chinoise est imprévisible. Pas étonnant dans un tel contexte que l’indice MSCI Chine perde 15 % depuis le 1er janvier, alors que le MSCI World gagne 16 %.
Patrick Rejaunier
© 2021 zonebourse.com, 20 août 2021