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Passage de relais à la Maison Blanche

Novembre était marqué par une forte incertitude planant sur les marchés boursiers, la faute étant attribuée aux élections présidentielles américaines. Incertitudes vite estompées le 6 novembre : Donald J. Trump étant réélu pour un second mandat. Cette victoire semble avoir été acclamée par les marchés américains en dépit de ceux du reste du monde, en témoigne la hausse journalière de 5 % du S&P 500 tandis que les bourses européennes étaient en berne. En parallèle, le dollar se renforçait par rapport à l’euro, passant de 1,09 à 1,05.

Mais à quoi s’attendre dorénavant ?

Premièrement, il est à noter que le milliardaire de 78 ans aura le champ libre sur les prises de décisions. En effet, son camp, les Républicains, dispose de la majorité absolue des sièges qui composent la Chambre des Représentants. Cela leur apporte un avantage décisif puisque la majorité permet de s’opposer à des propositions du parti adverse et de faire passer des lois plus facilement. C’est notamment là que se discutent les recettes et les taxes qui sont déjà dans le viseur du nouveau président élu.

En effet, durant ses campagnes, Trump mettait l’accent sur le protectionnisme. Avec comme objectif de favoriser les entreprises américaines en diminuant leur imposition, en relocalisant la production américaine sur leur territoire et en taxant les importations, comme il l’avait fait en 2018 durant son premier mandant via des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium de l’Union Européenne. Le secteur de l’automobile pourrait ainsi en pâtir, visé tout particulièrement par le Républicain qui souhaite protéger les constructeurs US de la concurrence étrangère, notamment chinoise, avec des droits de douane allant jusqu’à 60 % sur leurs produits. Les mesures prévues par Trump s’annoncent très inflationnistes selon des experts, alors que déjà les ménages combattent l’inflation par l’endettement. Le président devra faire face en janvier à un pays où l’endettement des ménages est au plus haut, avoisinant les 18 000 milliards de dollars, soit une hausse de 56 % sur les 10 dernières années et où le taux de défaillance sur les cartes de crédit est au même niveau qu’en 2008.

Ce risque semble être anticipé par la Fed qui hésite à baisser son taux directeur, comme l’a annoncé son président Jerome Powell lors de son allocution du 14 novembre, préférant sans doute garder ce levier en prévision des évolutions de l’inflation à venir, dès le 20 janvier. La probabilité de baisse des taux pour la réunion du 15 décembre est désormais estimée à 59,9 % contre 82 %, après les derniers résultats de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC).

Romain Borean
Société Générale Produits de Bourse, 15 novembre 2024

* Les chiffres cités sont ceux observés à l’écriture du magazine, sources : MarketMap.

STRIKE 262

CHIFFRES CLÉS

6 000 pts

C’est le seuil atteint par le S&P 500 le 8 novembre après les élections US. Ce niveau n’avait jamais été atteint et s’inscrit dans la continuité de la hausse de 25 % déjà enregistrée depuis le début de l’année, loin des 10 % de rendement annuel en moyenne sur les 3 dernières années. Pour référence, son cousin du Vieux Continent, le Stoxx Europe 600, ne progresse « que » de 5 % depuis le 1er janvier.
Source : Market Map

+647 %

C’est la hausse qu’a connu Applovin Corp depuis le 1er janvier, dont +72 % entre les séances du 6 et 8 novembre. L’entreprise spécialisée dans le développement de logiciels explique cette hausse fulgurante par d’excellents résultats au troisième trimestre, dépassant les estimations des spécialistes avec un revenu de 1,2 milliard de dollars. À noter que début 2023, l’action valait moins de 10 dollars et s’approche aujourd’hui des 300 dollars.
Source : Market Map

-58 %

C’est la descente aux enfers qu’a connu l’action Supermicro après la démission du cabinet d’audit Ernst&Young (EY), chargé de certifier ses comptes. Elle est la conséquence d’un article du Wall Street Journal faisant allusion à une manipulation des règles comptables ayant conduit à une surestimation du Chiffre d’Affaires. L’entreprise risque la sortie du Nasdaq-100 si elle ne soumet pas rapidement un plan pour rétablir sa conformité.
Source : Market Map