L’ANALYSE
Roulette russe
Après un mois de janvier compliqué pour les marchés actions, les trois premières semaines de février n’ont pas vraiment permis d’inverser la tendance. Les investisseurs sont toujours mal à l’aise avec la trajectoire d’évolution de l’inflation, en particulier aux États-Unis où les statistiques ne sont toujours pas sorties de la zone de surchauffe. Pour ne rien arranger, la géopolitique s’est à nouveau invitée dans les débats avec une crise ukrainienne qui réveille de mauvais souvenirs en Europe.
Commençons avec un retour sur des prix à la consommation américains du mois de janvier 2022 qui sont plus élevés de 7,5 % que ceux de janvier 2021. Pour prendre la mesure de ce que cela représente pour certains postes de dépense, il faut se plonger dans le communiqué diffusé par l’US Bureau of Labor Statistics. Exercice qui ne vous fait probablement pas tellement vibrer mais que je vais tenter de vous rendre, si ce n’est agréable, au moins intéressant. Je mets de côté pour commencer les hausses dont tout le monde parle parce qu’elles sont exubérantes, notamment le prix de l’essence (+40 % en un an) ou celui des voitures d’occasion (+40,5 %), pour me concentrer sur d’autres éléments. Notamment les prix alimentaires qui se sont accrus de 7 % au global mais qui cachent des progressions à deux chiffres pour la viande, les œufs, la farine ou l’huile. Les « Meat Pie » n’ont qu’à bien se tenir.
Les Américains doivent aussi faire attention quand ils changent de literie (+17 %), de caleçon (+13,6 %) ou quand ils achètent un billet pour un événement sportif (+23,5 %) ou louent une voiture (+29,3 %). Il n’y a que très peu de baisses, et une seule réellement spectaculaire que je vous mets au défi de trouver. Indice : c’est un objet du quotidien. Pas d’idée ? Il s’agit des Smartphones. Leur prix a chuté de 13,3 % en un an aux États-Unis, ce qui s’inscrit dans la tendance à l’érosion des prix alimentée par le progrès technologique.
La transition avec la Russie n’est pas évidente mais force est de constater que la crise ukrainienne a supplanté, au moins momentanément, l’inflation sur le podium des risques perçus par les investisseurs. À l’heure où vous lirez ces lignes, la situation se sera peut-être décantée ou dégradée. Mais une chose est sûre, vu du passé, il était très compliqué de prévoir l’issue de cette resucée des bras de fer ouest-est de la seconde moitié du XXe siècle.
Patrick Rejaunier
© 2022 zonebourse.com, 18 février 2022